Sport très populaire au milieu du XXè siècle, le rugby à XIII semble aujourd’hui avoir totalement disparu en France, mais il existe encore bel et bien ! Découvrez ce sport autant méconnu que spectaculaire.
Sport dinosaure dans l’Hexagone, le rugby à XIII est pourtant le spectacle n° 1 en Australie. Il est pratiqué sur tous les continents et reste un sport très important dans les pays du Pacifique outre l’Australie. Très confidentiel en France et durement concurrencé par son homologue le rugby à XV, le rugby à XIII survit tant bien que mal grâce à des joueurs, des clubs et des fans passionnés dont le but principal est de prolonger l’histoire mouvementée d’un sport spectaculaire.
Les origines du rugby à XIII
Longtemps, le rugby à XV a été la seule forme de rugby qui existait. Le XIII apparaît à la fin de XIXè siècle en Angleterre suite à un conflit entre des joueurs et leur fédération. Au nord de l’Angleterre, historiquement plus populaire que le sud, les joueurs souhaitent bénéficier de frais de déplacement pour compenser les journées de travail manquées à cause des matchs avec la sélection britannique.
Face au refus de leur fédération, les joueurs du Lancashire et du Yorkshire décident de faire sécession. 20 clubs dissidents se réunissent alors pour créer une nouvelle fédération autonome en 1896, qui prend en 1922 son nom actuel, la Rugby Football League. Dans le monde, on distingue encore aujourd’hui le rugby à XV et le rugby à XIII en les appelant respectivement Rugby Union et Rugby League. Pendant plusieurs années, le rugby dissident se joue toujours à 15 joueurs. C’est en 1906 que l’on peut vraiment parler de rugby à XIII avec le retrait de deux joueurs par équipe décidé par la fédération dissidente.
Cette nouvelle règle de la fédération dissidente est faite dans le but de rendre plus spectaculaire les matchs entre les clubs inclus dans la nouvelle fédération créée, la Rugby Football League. Le XIII arrive dans l’hexagone en 1934 grâce à Jean Galia qui mène la première équipe de France lors d’une série de matchs d’exhibitions contre des équipes anglaises.
Le rugby à XIII se popularise et connait un départ très prometteur, le XIII de France remporte sa finale et devient champion d’Europe en 1939. L’année suivante, le sport est freiné dans son élan, interdit par le Régime de Vichy tout comme le football.
Similitudes et différences avec le rugby à XV
Le premier lien entre Treize et Quinze est historique, puisque le rugby à XIII est né du rugby à XV. Des règles spécifiques permettent de distinguer les deux sports. Mais la physionomie du jeu reste assez similaire et œil non averti pourrait facilement les confondre des clubs et matchs de rugby à XV ou à XIII.
Des jeux très proches distingués par quelques règles
Les règles de bases de ces deux sports se ressemblent beaucoup : deux équipes doivent aplatir un ballon ovale dans l’en-but adverse avec comme contrainte l’interdiction d’effectuer une passe à la main vers l’avant. Dans les deux sports, les poteaux et le terrain sont les mêmes, seul le porteur du ballon peut être plaqué. Outre le nombre de joueurs, 13 ou 15, les règles entre XIII et XV varient principalement sur :
Le décompte des points :
Un essai, lorsqu’un joueur aplati dans l’en-but adverse, vaut 5 points dans un match de rugby à XV, mais il n’en vaut que 4 à XIII. La pénalité (lorsqu’un joueur tente de faire passer le ballon entre les poteaux après une faute obtenue) vaut 3 points à XV mais seulement 2 à XIII. Enfin, un drop rapporte 3 points à XV et 2 pour un match de rugby à XIII.
L’après plaquage
A XV, le joueur plaqué (le porteur du ballon mis au sol par un adversaire) doit lâcher le ballon, les équipes bataillent pour le récupérer dans un « ruck », et ces phases de ruck peuvent se succéder sans limite. A XIII, le joueur plaqué doit jouer un « tenu » en talonnant le ballon à son partenaire. Contrairement aux rucks illimités à XV, les équipes de rugby à XIII ne dispose que de cinq tenus pour avancer et perde le ballon s’il y a un sixième tenu.
La touche
A XV, les joueurs jouent une touche lorsque le ballon sort sur un des côtés du terrain. Pour effectuer la touche, le ballon est lancé par un joueur et les deux équipes peuvent batailler pour le récupérer. A XV, le talonneur lance le ballon entre deux alignements de chaque équipe. Les sauteurs sont soulevés haut par leurs coéquipiers. Lors d’un véritable baptême de l’air, les sauteurs se bataillent le gain du ballon. A XIII, la touche est remplacée par une mêlée. Généralement simulée (les joueurs ne poussent pas), la mêlée systématiquement la possession du ballon à l’équipe qui ne l’a pas fait sortir en touche, et qui peut introduire la balle lors de la mêlée.
Le XIII et le XV inégalement répartis à travers le monde
En France, le rugby majeur est de loin le XV, il est même le deuxième sport le plus populaire derrière le football. Mais ce n’est pas le cas partout dans le monde, et ce n’est même pas le cas partout en France. Dans les Pyrénées-Orientales et l’Aude par exemple, le rugby à XIII suscite à peu près autant d’intérêt que le rugby à XV. C’est par exemple à Perpignan que se situe le club des Dragons Catalans.
Les Dragons sont la vitrine du rugby à XIII français dans le monde puisque seule équipe française à évoluer en Super League, le championnat d’Europe composé uniquement d’équipes anglaises outre les Catalans. Le rugby à XIII a un poids bien plus important en Angleterre qu’en France, mais même outre-manche, il est moins populaire que le XV.
A l’inverse de la France ou l’Angleterre, en Australie, le rugby à XIII est le sport n°1 devant le rugby à XV qui est pourtant extrêmement populaire. En Australie et en Nouvelle-Zélande, des hybrides du rugby comme Israel Folau ou Sonny Bill Williams sont devenus célèbres lors de Coupes du monde à XV, alors que leur carrière s’est lancée dans un club de rugby à XIII.
Le rugby à XIII en France
L’histoire du rugby à XIII en France est celle du déclin d’un sport qui a été très populaire avant de tomber dans l’anonymat quasi-total.
Autrefois rugby roi et sport majeur
Si aujourd’hui il ne fait aucun doute que le rugby roi est le rugby à XV, cela n’a pas toujours été le cas. Durant une longue période, le rugby à XIII était le plus fort. Ce sport était plus populaire que le football dans différentes zones de France. Le rugby à XIII attirait beaucoup plus de spectateurs et de pratiquants que le rugby à XV. Surtout, le rugby à XIII était un sport pratiqué un peu partout en France. Or de nos jours, ce sport est très principalement plébiscité dans le sud-ouest, et absent de la plupart des zones de France.
Aujourd’hui sport oublié et confidentiel
S’il a connu une période de gloire autrefois, le rugby à XIII connaît aujourd’hui une période plus compliquée. Les équipes de haut niveau en France sont pour la plupart concentrées dans quelques départements de France, dont les Pyrénées-Orientales et l’Aude sont les principaux. Cette géographie inégale fait du rugby à XIII un sport confidentiel, très populaire localement mais peu à l’échelle nationale.
L’intérêt local qui existe pour ce sport en France, même s’il n’est pas professionnel, est aidé par certains médias en ligne spécialisés, comme Rugbyrama ou Treize Mondial. Mais Rugbyrama étant spécialisé dans le rugby au sens large, ce média s’intéresse beaucoup plus au championnat et aux clubs de rugby à XV que de rugby à XIII.
Snober la télévision : le début de la fin du rugby à XIII
Alors encore média en pleine croissance, la télévision commençait ses premières retransmissions de matchs sur différents sports. A ce moment, les instances treizistes ont fait le choix de ne pas passer en télé. Ce choix marque le début du déclin du rugby à XIII.
La peur de faire fuir le public du stade
Le choix de snober la télévision peut étonner aujourd’hui, mais il avait un but logique à l’époque. En effet, les droits de diffusion de certains sports approchent parfois le milliard d’euros pour le football. Mais ce phénomène est très récent. Avant, les recettes de billetterie étaient de loin les sources de revenus les plus importantes dans l’économie d’un sport.
Ainsi, dans le but de ne pas perdre son public et ses recettes de billetterie cruciales, les décideurs treizistes ont dit non à la télévision. Le rugby à XV s’est engouffré dans la brèche et est devenu professionnel grâce à cette nouvelle source d’argent donnée par la télévision.
L’inflation du sport manquée par le rugby à XIII
Au fur et à mesure des progrès technologiques, la télévision s’est démocratisée pour s’installer durablement dans les foyers. La télévision a contribué à rendre le rugby à XV français professionnel, mais aussi dans d’autres pays. Sans le savoir, le rugby à XIII s’est exclu du jeu médiatique et a manqué l’opportunité de se développer à l’aide des médias. On ne refait pas l’histoire, mais les clubs français d’Elite 1 auraient sans doute pu entrer dans le monde professionnel grâce à la télévision.
La survie discrète du rugby à XIII français
Plombé par de mauvais choix, le rugby à XIII survit péniblement aujourd’hui en France. Sa riche histoire dans l’hexagone lui permet de continuer à exister, et à occuper une place importante dans le monde du rugby à XIII, dont elle sera l’hôte de la prochaine Coupe du monde en 2025. En 1955, c’est justement la France qui accueillait la toute première Coupe du monde de rugby à XIII. Coupe du monde durant laquelle brillera le français Puig-Aubert, légende mondiale du rugby à XIII.
Malheureusement à défaut d’un engouement national suffisant, le rugby à XIII est un sport mineur en France. La première division française, l’Elite 1, est un championnat semi-professionnel de 10 équipes. Au-dessus de l’Elite 1, les Dragons Catalans de Perpignan et le Toulouse Olympique sont les seuls clubs français à évoluer dans les divisions européennes. Toulouse en Championship, le championnat de deuxième division, et les Dragons en Super League, le championnat de première division, avec certains des meilleurs joueurs du monde.